Depuis les avant-gardes du XXe siècle, l’intérêt des artistes visuels pour le sonore s’est souvent manifesté par un élargissement du spectre de ce que l’on considère comme un instrument musical. « L’Art des Bruits » de Luigi Russolo, en 1916, proposait d’entonner musicalement le paysage sonore de la grande ville. John Cage, un compositeur américain majeur, déclarait dans les années 1950 que tous les sons méritent une égale attention, déplaçant le centre de gravité de la musique vers la conscience active de l’écoute. Les trois artistes contemporains réunis dans cette section expérimentent avec des instruments de musique modifiés, libérant des sons inédits. Yuko Mohri crée une fanfare automatisée à partir d’objets, dont émane une poésie rebelle, chargée d’absurde. Naama Tsabar invente une double-guitare électrique qui met ses interprètes au défi d’une entente commune. Samson Young rend méconnaissables les sonorités d’un orchestre symphonique en supprimant la vibration des instruments. La performance musicale devient terrain de jeu, explorant tout le potentiel technique et matériel des objets sonores.
